Exposées sur un mur végétalisé, en spirale, les visiteurs découvrent les paroles de femmes et d’hommes qui témoignent des valeurs de l’unité et du destin commun de notre humanité. Ces témoignages invitent à prendre conscience qu’il existe des valeurs universelles partagées à toutes époques par des femmes et des hommes de différents pays, de différentes traditions et cultures. Les connaître nourrit la réflexion et encourage toutes actions en vue de construire ensemble un monde plus juste et fraternel. Cette exposition s’inspire du nombre d’Or, un principe à la fois simple et mystérieux qui se répète à l’infini dans la nature, les arts et les sciences.

 

AUX ORIGINES DE L’ÉDUCATION À LA CULTURE DE PAIX

DES VALEURS HUMAINES UNIVERSELLES

 

Lao Tse  (604 – 504 Av. JC)

Lao Tse (604 – 504 Av. JC)

Sage et philosophe

« Voyez les autres comme vous-même. Voyez les familles comme votre famille. Voyez les villes comme votre ville. Voyez les pays comme votre pays. Voyez les mondes comme votre monde. »

Lao-Tse ou Lao-tseu est un philosophe chinois, dont les enseignements sont regardés comme l’une des sources les plus importantes pour l’étude de la doctrine appelée taoïsme. Celle-ci met l’accent sur l’importance de la non-action, de la non-résistance, de « suivre le courant » pour vivre une vie élevée et significative.

Selon la légende, Lao Tseu s’efforça d’instruire les gens sur la voie du Dao (ou Tao), la force fondamentale qui traverse l’univers. Son explication selon laquelle les gens pourraient vivre une vie plus heureuse et plus satisfaisante en s’alignant sur le flux naturel du Dao au lieu de s’y opposer, ne fut pas entendue, et finalement, il décida de se détacher de l’humanité et de se retirer dans la solitude après avoir écrit le Dao de jing.

Aujourd’hui, cet ouvrage est considéré comme un classique de la littérature philosophique et religieuse chinoise et a influencé des millions de personnes dans le monde.

Shifâ bint Abdullah (~ 600 Ap. JC)

Shifâ bint Abdullah (~ 600 Ap. JC)

Enseignante

D’origine mecquoise, connue pour  avoir posé les règles de la grammaire arabe au 7ème siècle et pour ses connaissances en médecine. Elle a contribué à  l’instruction et  à l’éducation de la première génération musulmane de son époque. Ash-Shifa bint ‘Abdullah al-Qurashiyyah al-Adawiyyah de son vrai nom Layla est l’une des femmes les plus sages de son temps. Dans l’Arabie préislamique, elle était parmi les rares personnes qui savaient lire et écrire. Elle enseigna la médecine préventive, la calligraphie, l’écriture à de nombreuses personnes, dont sa parente, Hafsa bint Umar. Elle a été l’une des premières à poser les règles de la grammaire arabe. Ash-Shifa bint ‘Abdullah  devint également l’administratrice publique lorsque Omar ibn al-Khattâb était calife – peut-être la première femme musulmane à occuper cette fonction. Elle était chargée de s’assurer que toutes les pratiques commerciales étaient conformes aux règles, aux enseignements et aux valeurs de l’Islam. Elle fut l’une des premières femmes a embrassé l’islam avant l’Hégire et à émigrer de La Mecque à Médine.

Rabia al-Adawiyya (718 – 801)

Rabia al-Adawiyya (718 – 801)

Mystique et poète

« N’agissez pas par peur de la punition, ni par désir de la récompense. Mais agissez par amour. »

Figure emblématique du soufisme, Râbia al-Adawiyya est née dans la région de Bassora, dans le sud de l’Irak. Ancienne esclave affranchie qui renonça au mariage pour ne se consacrer qu’à la méditation, Rabi’a al-Adawiya est une figure majeure de la spiritualité soufie. Son immense rayonnement lui valut la vénération de ses contemporains et les maigres écrits qu’il nous reste d’elle en font l’un des premiers chantres de l’amour divin. Considérée comme une sainte, elle est  visitée par de nombreux mystiques, savants, théologiens qui viennent la voir pour s’entretenir avec elle et partager son expérience spirituelle. Elle dispense une doctrine de l’amour total, où règnent la joie de la rencontre avec le divin et la jouissance de la présence de l’aimé, qui surpasse tout autre bien de ce monde. On l’aurait vue dans les rues de Bagdad, portant un seau dans une main et une torche dans l’autre et criant qu’elle partait éteindre les feux de l’enfer et incendier le paradis afin que nulle personne ne puisse agir par peur de la punition, ni par désir de la récompense mais uniquement par amour. Rabia est peut-être la première grande voix féminine du soufisme à la fin du 8ème siècle. Elle ouvre une voie de cette expérience de l’amour pur. Elle laisse un recueil de poèmes d’amour enflammés, toujours chantés et récités de nos jours.

Fatima al-Fihriya (800 – 880)

Fatima al-Fihriya (800 – 880)

Fondatrice de la première université

Fondatrice de la Mosquée-Université Qarawiyyin à Fès avec la plus célèbre bibliothèque de son époque où ont étudié le philosophe et médecin juif Maïmonide, le philosophe Averroès (ibn Rushd) et le futur Pape Sylvestre II… Elle est née à Kairouan, en l’an 800, dans une famille aisée et unie. À la mort de son père, Fatima al-Fihriya hérite d’une très grosse fortune qu’elle utilise pour construire la première université qui servira de référence en matière de culte et de savoir. Elle s’attelle donc à cette immense tâche dont elle fait son objectif dans la vie. L’université d’Al-Quaraouiyine propose des enseignements dans une multitude de branches (théologie, jurisprudence, philosophie, mathématiques, astrologie-astronomie, sciences de la langue, logique…). Par cette variété et ces spécialisations, elle influencera le modèle des futures universités. C’est notamment par l’extrême richesse de sa bibliothèque qu’Al- Quaraouiyine a attiré dès le début les plus grands savants de l’époque dont  le philosophe Ibn Rushd ou Averroès, le rabbin médecin Maïmonide (1138) ou encore les grandes figures du soufisme tel que Ibn Arabi, mais aussi l’historien Ibn Khaldoun ou encore au 10ème siècle Gerbert d’Aurillac, futur pape Sylvestre II, pontifié à Rome en 999, qui a introduit les chiffres arabes en Occident. En 2017, un prix a été créé en Tunisie en son honneur. Il récompense les initiatives qui favorisent l’accès des femmes à la formation et aux responsabilités professionnelles. En outre, un programme académique et une bourse d’études accordés aux étudiants d’Europe et d’Afrique du Nord rendent hommage à Fatima al-Fihriya.

Saint François d’Assise (1181 – 1226)

Saint François d’Assise (1181 – 1226)

Moine

“Commence par faire le nécessaire, puis fais ce qu’il est possible de faire et tu réaliseras l’impossible sans t’en aprcevoir.”

Né à Assise (Italie), bien qu’issu d’une famille aisée, il se fait solidaire des démunis et dénonce les injustices. Après certaines épreuves subies à la guerre ou dans l’emprisonnement et la maladie, il réalise que toute la Création forme une grande famille, une sorte de fraternité universelle qui inclut la nature, les animaux et le cosmos. C’est dans un ermitage qu’il termine sa vie terrestre. Il est l’un des saints catholiques les plus connus et appréciés par les profanes et les religieux. Reconnu après sa mort comme « saint », Saint François d’Assise est célébré, le 4 octobre, de chaque année. Entouré d’une communauté l’ayant rejoint, Saint François d’Assise fonde l’ordre des frères mineurs (OFM, communément appelé Ordre franciscain) ; puis l’ordre des pauvres dames, appelées aussi « les Clarisses » et enfin un ordre pour les laïcs, le Tiers-Ordre. Il reste, depuis le 13ème siècle jusqu’à nos jours, celui dont la pensée et l’action nous parlent encore. Cet amoureux de la nature et de l’unité de la Création prêchait l’humilité, la paix et l’Amour. Il est nommé en 1979, par le pape Jean-Paul II, saint patron des écologistes. Un des faits marquants de la vie de Saint François d’Assise est sa rencontre avec Malik al-Kamil, Sultan d’Égypte (1219), en pleine folie meurtrière de la cinquième croisade. Cet évènement montre tout d’abord qu’il était possible au Moyen-âge d’établir des relations harmonieuses entre religions. Cet échange témoigne aussi de l’ouverture et de la tolérance de ces deux hommes qui entamèrent un dialogue interreligieux. Même si François d’Assise était allé rencontrer le Sultan dans l’idée de le convertir à la religion chrétienne, il y a dans sa démarche une volonté de réconciliation et de paix comme il y a chez le Sultan la reconnaissance et le respect des autres religions.

Sundiata Keita (1190 – 1255)

Sundiata Keita (1190 – 1255)

Souverain

‘’L’homme se nourrit d’aliment et de boisson; son âme, son esprit vit de trois choses : voir qui il a envie de voir, dire ce qu’il a envie de dire, faire ce qu’il a envie de faire. Si une seule de ces choses venait à manquer à l’âme humaine, elle en souffrirait.’’

Charte du Manden (1236). 1er texte sur les droits de l’homme de l’empire du Mali.

Souverain mandingue appelé, selon la tradition orale, Mari Diata Konaté, couronné « Mari Diata 1er » (Roi des Rois) en 1235. Sundiata Keita a su unifier les royaumes d’Afrique de l’Ouest, morcelés depuis la chute de l’Empire du Ghana. Il présente des qualités d’administrateur en implantant une solide organisation militaire.  Connu pour sa sagesse inspirée de la tradition orale des anciens, il fait de son Empire le plus grand et le plus riche d’Afrique de l’Ouest en développant l’agriculture et le commerce, l’exploitation de l’or, du cuivre et de sel gemme. Il s’oppose à l’esclavage, institue la préservation de la nature et le droit des femmes. Sa tolérance permet également la coexistence pacifique de l’Islam et de l’animisme dans son empire. Sundiata se distingue par l’unification de toutes les ethnies sans rapports hiérarchiques entre elles. Il assigne des terres, des droits et des devoirs à chacun. Précurseur dans l’établissement de lois et règles qui régissent la société, il édicte la Charte du Manden ou Charte de Kouroukan Fouga, en 1236. Elle est considérée comme le premier texte fondateur des droits humains en Afrique. Elle est inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO depuis 2009. L’histoire de Sundiata est connue à travers une épopée racontée par les griots, jusqu’à nos jours ; elle est l’objet d’intérêt et d’études d’hommes politiques, historiens, écrivains, etc., inspirant films et jeux pédagogiques.

Djalâl-Al-Dîn Rûmî (1207 – 1273)

Djalâl-Al-Dîn Rûmî (1207 – 1273)

Mystique poète

« Vous êtes nés avec un potentiel. Vous êtes nés pour la bonté et la confiance. Vous êtes nés avec des idéaux et des rêves. Vous êtes nés pour accomplir de grandes choses. Vous êtes nés avec des ailes.  Vous n’êtes pas faits pour ramper, alors ne le faites pas. Vous avez des ailes. Apprenez à les utiliser et envolez-vous. »

Djalâl Al-Dîn Rûmi, dut s’exiler avec son père avant l’imminente destruction de sa ville par les mongols. Leur étape ultime fut Konya (Anatolie) où son père, théologien de renom, enseigne. Il lui succède, enseignant les sciences juridiques jusqu’à une rencontre fulgurante avec un derviche errant, Shams ed Dîn Tabriz (1244) qui bouleverse son existence. Initié par ce mystérieux personnage, il entame, après la subite et douloureuse disparation de celui-ci, une quête sans limite à la recherche de l’Amour Absolu. C’est la voie de la musique et de la danse qu’il choisit en instaurant la danse circulaire astrale des « derviches tourneurs ». Lors de son enterrement, chrétiens, juifs, grecs, arabes et turcs se joignirent au cortège, chacun selon ses coutumes. Ainsi, c’est dans une même communion que toutes les communautés purent s’unir, se reconnaissant en lui. Il laisse une œuvre constituée de récits initiatiques, le « Masnavî » et les « Odes mystiques », long chant d’amour à la gloire de son maître, Shams ed Dîn Tabriz. Après sept siècles, il est toujours vénéré et son enseignement médité dans les ordres soufis. Il demeure le poète mystique le plus lu et son œuvre, toujours actuelle, toujours vivante est au cœur des amoureux de la Lumière. C’est que « La lumière propre du visage vient de la chandelle de l’esprit. » Si nombreux sont les témoignages de ceux qui furent touchés par Mawlânâ que nous ne pouvons les citer et si nous nous référons au monde de l’art, retenons la forte influence de Rûmî sur le chorégraphe français Maurice Béjart : “J’ai toujours pensé que la danse était liée à la divinité, que le sacré se mêlait au mouvement de la danse. La danse est un univers transcendant qui fait appel au subconscient, je dirais même aux forces occultes”.

Le 17 décembre de chaque année, est célébrée à Konya la « Nuit de noces » de Mawlânâ, ainsi appelée car sa mort ne fut pas une fin mais l’Union avec le Bien-Aimé, le retour à la « vue de la Vérité suprême ».

 

Saint Nicolas de Flüe (1417 – 1487)

Saint Nicolas de Flüe (1417 – 1487)

Ermite

Ermite suisse du XVème siècle, il a ramené la paix entre les cantons de son pays au bord de la guerre civile. Son influence conciliatrice apparaît dans la conclusion du Convenant de Stans en 1481, à l’origine de la fondation de la Confédération helvétique. Saint Nicolas de Flüe est né en 1417 et mort le 21 mars 1487 à Sachseln dans le canton d’Unterwald en Suisse. Il ramena la paix entre les cantons au bord de la guerre civile. On considère comme un fait établi l’influence conciliatrice qu’il exerça, sans être personnellement présent, lors de la conclusion du Convenant de Stans en 1481. Le moment fondateur de la Fédération Suisse fut  la Diète de Stans, réunie le 30 novembre 1481 (Médiation fédérale). À l’âge de 50 ans il se retire pour vivre en ermite, il avait des visions et se livrait à des méditations qui le rapprochent du mouvement médiéval des “Amis de Dieu” (Gottesfreunde) et des mystiques rhénans. Il mène initialement une vie modeste, pieusement identique à celle des paysans de sa région. Son peu d’expérience de la vie mondaine, son art de la médiation et son sincère amour de la paix ont fait de lui un conciliateur entre cantons ruraux et citadins. Considéré comme le père de la patrie, il est le patron principal de la Confédération helvétique et a été canonisé par le pape Pie XII le 15 mai 1947.

Akbar (1542 – 1605)

Akbar (1542 – 1605)

Empereur

« Comme la plupart des hommes sont contraints d’imiter les voies suivies par leurs pères sans examiner leurs arguments, ils suivent la religion dans laquelle ils sont nés et ont été éduqués, s’excluant ainsi de la possibilité de découvrir la vérité, qui est le but le plus noble de l’intellect humain. C’est pourquoi nous nous associons, aux moments opportuns, à des hommes érudits de toutes les religions. » Extrait de la lettre au Roi Philippe II d’Espagne 1584.

Jalal-Ud-Din Mohammed Akbar, troisième empereur de la dynastie moghole, est né le 14 octobre 1542 à Umarkot, une ville de la province du Sindh, actuellement au Pakistan. Souverain moghol célèbre pour sa tolérance religieuse, la construction d’un empire et son patronage des arts. Akbar a créé le concept soufi de Sulh-el-Kul ou “la paix avec tous”, principe fondateur de sa loi. Son ouverture d’esprit l’amène à fonder en 1582 une nouvelle approche appelée Dîn-i-Ilâhî (« La Voie de la Primordialité ») qui réunit ce qu’il croit être la meilleure approche des croyances de l’islam, du christianisme, de l’hindouisme et du jaïnisme. Lui-même adepte de cette « Foi divine » se garde de l’imposer à ses sujets. Engagé dans la politique de tolérance universelle, Akbar réalise une synthèse culturelle hindou-musulmane qui a abouti à un âge d’or de la culture. Cultivé, il s’entoure des meilleurs esprits de sa génération. Il patronne des intellectuels musulmans libéraux tels que Shirazi, Faizi, et Abul Fazl… Il accueille dans sa cour des mystiques tels que Salim Chishti et s’engage dans des dialogues avec des prêtres jésuites. Il invite également à sa cour Abul Fatah Gilana, qui avait écrit un commentaire sur Avicenne. Akbar le Grand a montré aux dirigeants de toutes les nations que la tolérance n’est pas une faiblesse et que l’ouverture d’esprit n’est pas de l’indécision comme l’atteste sa lettre au Roi Philippe II d’Espagne en 1584.

Raden Mas Ontowiryo dit Diponegoro (1785-1855)

Raden Mas Ontowiryo dit Diponegoro (1785-1855)

Prince

Figure importante de l’histoire indonésienne, symbole de la résilience héroïque et de la lutte de la nation pour l’indépendance. Il est considéré aujourd’hui comme « le héros de la liberté du peuple indonésien ».

Raden Mas Ontowiryo dit Diponegoro (1785-1855), né sur l’Île de Java et fils aîné du Sultan Hamengku Buwono III. Élevé dans une famille spirituelle, le prince se révolte contre l’exploitation des paysans javanais par le système agraire imposé depuis près de deux siècles par les colons néerlandais. En 1825, il quitte le confort du palais pour établir son quartier général au cœur d’une région sauvage du sud de Yogyakarta. C’est de là qu’il lance, avec une poignée de fidèles aristocrates et des combattants issus du peuple, une guérilla, dite « guerre de Java » ou « guerre de Diponegoro » qui durera cinq ans. Le 28 mars 1830, face à une inégalité des forces armées, il accepte de négocier un traité de paix avec les forces coloniales à l’invitation du Général hollandais de Kock. Mais il est trahi et exilé à Macassar, sur l’île de Célèbes, où il mourra le 8 janvier 1855 à l’âge de 69 ans, après avoir rédigé ses mémoires : « Babad Diponegoro »  (Chroniques de Diponegoro). Son arrestation, perçue par les Indonésiens comme une trahison, a été immortalisée par une toile du plus célèbre peintre javanais du 19ème siècle, Raden Saleh. Il a été proclamé Héros de l’Indonésie en 1973 et nombre d’universités, hôpitaux, avenues, etc. portent son nom en signe de leur reconnaissance. Afin d’établir des relations plus apaisées entre les deux pays, le kriss (poignard sacré) du héros national a été restitué et remis au Président Joko Widodo par le roi Willem-Alexander et la reine Maxima des Pays-Bas, en visite le 10 mars 2020, au palais de Bogor. Ce kriss, en tant que symbole de la résilience héroïque indonésienne et de la lutte de la nation pour l’indépendance, a une grande importance historique et cet extraordinaire poignard javanais, incrusté d’or, qui appartenait à la collection de l’État néerlandais, fait maintenant partie de la collection du musée national indonésien.

Chief Seattle (1786 – 1866)

Chief Seattle (1786 – 1866)

Leader autochtone américain

« L’humanité n’a pas tissé la toile de la vie. Nous ne sommes qu’un fil dans cette toile. Ce que nous faisons à la toile, nous le faisons à nous-mêmes. Toutes les choses sont liées entre elles, toutes les choses sont connectées. »

Le chef Seattle ou Sealth est un chef des tribus amérindiennes Suquamish et Duwamish dans ce qui est aujourd’hui l’État de Washington. Célèbre chef amérindien du 19ème siècle, Seattle est très respecté pour sa sagesse et son engagement à maintenir l’équilibre écologique des terres ancestrales, qui appartenaient à ses tribus. Au-delà de ses qualités de chef et de son don d’orateur, il souhaitait que les deux cultures autochtones et colons blancs, très différentes coexistent en paix. En 1854, le Président des États-Unis d’Amérique Franklin Pierce offrit d’acheter une large zone du territoire indien et promit une «réserve» aux tribus dépossédées. Seattle, d’une tribu des plaines du nord-ouest américain lui répondit par un magnifique discours prophétique, auquel se joignirent au fil des ans et des générations, d’autres voix indiennes pour prolonger ses propos, en un écho universel qui définit de façon très limpide les rapports de l’être humain avec la nature. Ecoutons-le : « Nous sommes une partie de la terre et elle fait partie de nous. Nous savons au moins ceci : la terre n’appartient pas à l’homme. L’homme appartient à la terre. Toutes les choses se tiennent.»

Le Chef Seattle a joué un rôle dans la naissance d’un petit village portant son nom, qui est devenu depuis une grande métropole connue pour son innovation (siège de la société Apple), son ouverture, sa diversité et son amour de la création.

Sojourner Truth (1797 – 1883)

Sojourner Truth (1797 – 1883)

Droits humains

Née esclave, elle est devenue célèbre après sa fuite pour son combat en faveur des droits des femmes et de l’abolition de l’esclavage.

« Je suis la semence de la liberté, et je le sais. J’ai l’intention de porter de grands fruits. »

Isabella Baumfree dit Sojourner Truth est née vers 1797, de deux parents esclaves d’un propriétaire terrien d’origine hollandaise, installé dans le comté d’Ulster, région rurale de l’Etat de New York. Née esclave, Sojourner Truth a marqué l’histoire par la force avec laquelle elle s’est livrée tout au long de sa vie à de nombreux combats : pour les droits civiques, contre l’esclavage, pour l’égalité femmes-hommes, contre la peine de mort, etc. Celle qui n’a jamais appris à lire ni à écrire brillait aussi par son éloquence. Oratrice charismatique, elle devient une des grandes militantes de la cause abolitionniste et parcourt les États-Unis pour prêcher et enseigner ses idées. En 1851, à Akron dans l’Ohio, lors de la convention pour les droits des femmes, elle prononce le discours devenu culte “Ain’t I a woman ? ” («Ne suis-je pas une femme ?»).  Elle dicte ses discours qui sont ainsi diffusés à grande échelle et pose les bases de ce qui deviendra l’Afroféminisme : un refus de compartimenter les luttes et une affirmation de la singularité des femmes noires, qui appartiennent tant au monde des Noirs qu’au monde des femmes. Sojourner Truth n’a cessé de militer jusqu’à la fin de sa vie, contre la peine de mort notamment. Son buste trône dans le Capitole à Washington. “J’espère que Sojourner Truth serait fière de voir qu’une descendante d’esclave occupe les fonctions de première dame des Etats-Unis“, déclarait Michelle Obama lors de l’inauguration en 2009.

Émir Abd el-Kader (1808 – 1883)

Émir Abd el-Kader (1808 – 1883)

Émir

« Ne demandez jamais quelle est l’origine d’un homme ; interrogez plutôt sa vie, son courage, ses qualités et vous saurez ce qu’il est. »

Ses qualités physiques, morales, intellectuelles et spirituelles, reconnues par ses pairs, le désignent pour être à la tête du combat contre la conquête française de son pays. Dès le début, il humanise la guerre en édictant des « Règlements militaires » qui inspireront, un peu plus tard, Henry Dunant, fondateur de la Croix rouge, dans lesquels sont inclus le traitement des prisonniers. Il met en place les fondations de l’Algérie moderne ; Il procède à l’échange des prisonniers allant jusqu’à les libérer quand il ne pouvait les nourrir ; il privilégie les temps de paix par des traités ; il sauvera plus de 12 000 chrétiens lors d’insurrections survenues à Damas en 1860, ce qui lui valut les plus hautes distinctions des grandes nations. Visionnaire et homme de progrès, il soutiendra le projet de construction du Canal de Suez, véritable trait d’union entre l’Orient et l’Occident. Il laisse plusieurs ouvrages dont la « Lettre aux Français » et une œuvre mystique monumentale intitulée « Al-Mawaqif » (Le Livre des Haltes). Quittant le château de Pau pour celui d’Amboise, châteaux dans lesquels il était assigné à résidence, il laissa des présents et de l’argent pour subvenir aux besoins d’indigents et avant son départ du château d’Amboise, il offrit un lustre à l’Église de la ville. Sa grandeur morale, sa noblesse d’âme et son comportement humaniste sont reconnus par ses propres adversaires et les témoignages sont très nombreux de ceux qui le rencontrèrent, qu’ils soient hommes religieux, politiques ou simples citoyens. Toute sa vie témoigne de sa constance dans la volonté, malgré les conflits, de privilégier et de promouvoir le vivre ensemble et les droits de l’humanité ce qui en fait le précurseur du Vivre Ensemble en Paix, journée adoptée par l’ONU en 2017 et célébrée les 16 mai de chaque année.

Henri Dunant (1828 – 1910)

Henri Dunant (1828 – 1910)

Co-Fondateur de la Croix-Rouge

Prix Nobel de la Paix 1901

«Seuls, ceux qui sont assez fous pour penser qu’ils peuvent changer le monde, y parviennent.»

Banquier et homme d’affaires, le genevois Henry Dunant, se trouve à Solférino alors que la bataille de 1859 éclate. Bouleversé, il va avec l’aide des populations civiles locales, venir au secours des blessés et donner des soins aux soldats des deux camps, sans distinction. Ce sera l’acte fondateur de la Croix Rouge : les populations en temps de guerre doivent être protégées (accueil de réfugiés, couloirs humanitaires, etc.) Entrepreneur et propriétaire de terres en Algérie, Il n’ignorait pas l’existence des « Règlements militaires », édictés dès 1838 par l’Émir Abd el-Kader, en pleine période de combat, ni le sauvetage de plus de 12 000 chrétiens lors des insurrections de 1860 à Damas (Syrie).

Il mobilisera l’opinion publique en écrivant « Un souvenir de Solferino » dans lequel il propose de créer des Sociétés de secours et la protection en droit international des blessés et de ceux et celles qui les assistent. Avec quatre autres Genevois, Henry Dunant forme le 17 février 1863 un Comité qui deviendra le CICR (Comité International de la Croix Rouge), reconnu en 1864, par la Première Convention de Genève. Il est le co-fondateur de la Croix-Rouge française. Il reçoit le premier Prix Nobel de la Paix en 1901 pour la fondation de la Croix-Rouge internationale et l’initiation de la première convention de Genève. Le 8 mai, jour anniversaire de sa naissance, a été choisi comme Journée mondiale de la Croix-Rouge internationale.

Bertha Von Suttner (1843 – 1914)

Bertha Von Suttner (1843 – 1914)

Activiste pour la Paix

Prix Nobel de la Paix 1905

« L’une des vérités éternelles est que le bonheur se crée et se développe dans la paix, et l’un des droits éternels est le droit de l’individu à vivre. »

Née à Prague, en 1843, dans une famille aristocratique au passé militaire, disposant de peu de revenus, la Comtesse Bertha Kinsky Von Wchinitz und Tettau, devient gouvernante chez les Von Suttner et s’éprend du fils, Arthur, liaison qui est le prélude à sa relation avec Alfred Nobel qui l’emploie comme secrétaire. Plus tard, elle se met au service de la Ligue pour la Paix et publie en 1889 « Lay Down Your Arms », roman décrivant les tragédies causées par la guerre. Ce livre à succès, traduit en plusieurs langues, fut loué par Tolstoï comme livre pouvant aidé à mettre fin à la guerre au même titre que La « Case de l’Oncle Tom » pour l’abolition de l’esclavage. Âgée de presque 70 ans, elle décède deux mois à peine avant le début de la première guerre mondiale. Elle contribue à la création du « Groupe de Venise pour la paix », à la Société autrichienne de la paix, dont elle fut présidente et à la Société Allemande de la paix (« Deutsche Friedensgesellschaft »). Elle constitue aussi un fond pour créer le « Bureau International Permanent de la Paix » (« Permanent International Peace Bureau ») à Berne et fonde un journal pour la paix « Die Waffen Nieder » (Bas les armes). Elle réussit également par influencer Alfred Nobel pour qu’il crée un « Prix pour la paix ». C’est en 1905, que Bertha Von Suttner s’est vue décerner le prix Nobel de la paix devenant ainsi la première femme à l’obtenir. Son engagement et son plaidoyer ont été l’un des fondements de l’initiative pour un tribunal d’arbitrage international « le Palais de la Paix », réalisé, à La Haye.

Cheikh Ahmed al-Alâwî (1869 – 1934)

Cheikh Ahmed al-Alâwî (1869 – 1934)

Maître spirituel

La décision de l’UNESCO, lors de sa 37ème Conférence générale, en novembre 2013, déclare Cheikh al-Alâwî, une école de convivialité et de Tolérance.

« L’individu humain est, par rapport à la société, comme le membre par rapport au corps. Or, les membres et organes du corps diffèrent entre eux, car diverses sont leurs fonctions. On ne peut se dispenser d’aucuns d’entre eux quel qu’ils soient, sous prétexte qu’il existe un autre membre ou organe plus noble. Chacun d’entre eux est noble en raison de sa nécessité et de l’avantage que le corps peut en tirer. »  8èmes Recherches philosophiques

Ahmad ibn Mustafâ Benalioua, connu sous le nom de Cheikh al-Alâwî est né en 1869 à Mostaganem en Algérie. Penseur, écrivain, journaliste, et réformateur, ce « Saint musulman du XXème siècle » (Martin Lings), a été l’un des principaux initiateurs du dialogue interreligieux du siècle dernier et une figure de proue de la lutte contre tout obscurantisme et tout extrémisme. Il enseigne que si les hommes malgré leurs différences constituent une vérité unique, cette vérité n’agit précisément qu’en vue de fortifier l’Humanité en l’homme. Il précise de même, dans ses « Sagesses », que « Quiconque ne loue pas les hommes, ne loue pas Dieu ; quiconque se désintéresse du monde se détourne de la Vérité ». Par son universalité et son actualité, l’école de pensée que le Cheikh al-Alâwî a revivifiée, s’adresse à l’humanité tout entière. Elle nous invite à ne pas rejeter la rationalité au détriment de la spiritualité et à rétablir l’équilibre nécessaire entre le sacré et le profane.

Mahatma Gandhi (1869 – 1948)

Mahatma Gandhi (1869 – 1948)

Militant de la non-violence

« Vous ne devez pas perdre la foi en l’humanité. L’humanité est comme un océan ; si quelques gouttes de l’océan sont sales, l’océan ne devient pas sale. »

Né en 1869 et mort assassiné en 1948, le Mahatma Gandhi est un dirigeant politique et guide spirituel indien. Avocat ayant fait ses études en Grande-Bretagne, Gandhi développe en 1909 ses théories du combat par la non-violence et la désobéissance civile de masse, la « satyagraha », dans un ouvrage intitulé « Hind Swaraj ». Au fil de ses actions pour la dignité humaine et la justice sociale, en Afrique du Sud puis en Inde, cette méthode de désobéissance civile non-violente a conduit à l’indépendance de l’Inde. Il a démontré qu’il est possible de provoquer de grands changements politiques et culturels par des méthodes non violentes. Il a utilisé le jeûne, la prière, le boycott ainsi que le dialogue, comme moyens pour atteindre son objectif et libérer l’Inde de la colonisation anglaise de manière pacifique. Gandhi est reconnu comme le Père de la Nation en Inde, où son anniversaire, le 2 octobre, est une fête nationale. Cette date a également été déclarée « Journée internationale de la non-violence » par l’Assemblée Générale des Nations-Unies en 2007. Les combats non violents de Gandhi pour la défense des droits de l’homme eurent une influence importante sur les mouvements de libération et de défense des droits civiques dans le monde entier, notamment pour les noirs en Amérique du Nord (Martin Luther King). Le 12 mars 1930, il entame une marche à pied qui arrive le 6 avril, au bord de l’océan Indien. Gandhi s’avance dans l’eau et recueille dans ses mains un peu de sel. Par ce geste hautement symbolique, il encourage ses compatriotes à violer le monopole d’État sur la distribution du sel qui obligeait tous les indiens, à payer un impôt sur le sel et leur interdisait d’en récolter eux-mêmes. 

Maria Montessori (1870 – 1952)

Maria Montessori (1870 – 1952)

Éducatrice

« L’enfant est pour l’humanité à la fois un espoir et une promesse. En prenant soin de cet embryon comme de notre trésor le plus précieux, nous travaillons à faire grandir l’humanité

L’une des premières personnes à avoir placé le développement individuel de l’enfant au centre de l’éducation moderne. Son engagement en faveur de l’établissement d’une pédagogie de la paix s’est finalement manifesté par la diffusion des écoles Montessori qui portent son nom. Montessori a apporté une percée majeure dans l’éducation souvent autoritaire et basée sur les classes sociales. Elle a abordé l’éducation sous l’angle du développement individuel. Pas d’instruction imposée, mais un accompagnement de l’enfant en fonction de sa curiosité. Pas de rangées de tables et de chaises, mais des tapis où les enfants peuvent apprendre de manière exploratoire avec des matériaux de jeu qui stimulent les sens. Il existe aujourd’hui plus de 20 000 écoles Montessori dans le monde.

Morihei Ueshiba (1883 – 1969)

Morihei Ueshiba (1883 – 1969)

Fondateur d’Aikido

« L’Art de la Paix est un médicament pour un monde malade. Il y a du mal et du désordre dans le monde parce que les gens ont oublié que toutes les choses émanent d’une seule source. Revenez à cette source et laissez derrière vous toutes les pensées égocentriques, les désirs mesquins et la colère. Ceux qui ne sont possédés par rien possèdent tout. »

Morihei Ueshiba voit le jour le 14 décembre 1883 à Tanabe au Japon. Il est le fondateur de l’aïkido. En adaptant les techniques guerrières ancestrales japonaises, il a contribué à la conservation de ce savoir menacé d’oubli par la modernisation de la société japonaise. Une de ses grandes motivations était de promouvoir la paix en enseignant un art accessible à tous et basé sur la négation de la violence, l’union des efforts (un des sens de aïki) et non leur opposition. Une profonde ferveur religieuse le poussa à devenir adepte d’une secte shinto : l’Omoto Kyo. Sa quête personnelle ainsi que le traumatisme lié à la défaite japonaise de 1945 l’amenèrent à modifier son approche martiale en « voie de l’harmonie », rejetant toute idée de compétition suivant en cela les paroles de l’Empereur Hirohito lors de son allocution en 1945 : « Nous avons résolu d’ouvrir la voie à une ère de paix grandiose pour toutes les générations à venir ». Ainsi, l’Aïkido fut le premier art martial à être de nouveau autorisé par les Autorités américaines d’occupation dès 1948. Après plusieurs années de recherches et d’ascétisme, il comprit que le vrai Budo (art martial japonais) n’est pas de vaincre un adversaire par la force mais de garder la paix en ce monde, d’accepter et de favoriser l’épanouissement de tous les êtres. Si la recherche spirituelle est présente dans tous les arts martiaux japonais, jamais personne ne l’avait approfondie jusqu’à englober en son sein l’amour de l’humanité.

Dame Whina Cooper, née Hohewhina Te Wake, (1895 – 1994)

Dame Whina Cooper, née Hohewhina Te Wake, (1895 – 1994)

Militante Maorie

« Prenez soin de nos enfants, prenez soin de ce qu’ils entendent, prenez soin de ce qu’ils voient, prenez soin de ce qu’ils ressentent, car c’est de la façon dont les enfants grandissent que dépendra la forme de notre pays. »

 Dame Whina Cooper est née au sein de la communauté maorie de Nouvelle-Zélande en 1895 dans la région de Hokianga, qui reste aujourd’hui l’une des plus pauvres du pays. Dame Whina Cooper est une militante maorie, elle s’est battue pendant de nombreuses années pour les droits de son peuple, et en particulier pour améliorer le sort des femmes maories. Identifiée comme la « Mère de la Nation », elle reçut les distinctions honorifiques de membre (1953) et commandeur (1974) de l’ordre de l’Empire britannique. L’image de cette vieille grand-mère courbée, marchant d’un pas décidé sur la route, main dans la main avec sa petite-fille, est devenue l’une des grandes icônes de la nation. En octobre 1975, les Néo-Zélandais ont vu Dame Whina Cooper âgée alors de 80 ans marcher 900 km jusqu’au Parlement de Wellington afin de présenter au Premier Ministre Bill Rowling la pétition (signée par plus de 60 000 personnes) sur les problèmes de confiscation des terres et de la position des Maoris dans la société. Cette marche symbolique a provoqué une prise de conscience et d’empathie chez les Pakeha (Néo-zélandais d’origine anglo-saxonne ou européenne) envers les causes maories. Dame Whina Cooper a ouvert les Jeux du Commonwealth d’Auckland en 1990 en déclarant au public international : « Le traité a été signé pour que nous puissions tous vivre comme une seule nation à Aotearoa ». Elle est nommée Dame commandeur de l’Ordre de l’Empire britannique en 1981 et membre de l’Ordre de la Nouvelle-Zélande en 1991.

Hannah Arendt (1906 – 1975)

Hannah Arendt (1906 – 1975)

Philosophe

« Le pardon est le seul moyen d’inverser le cours irréversible de l’histoire. Sans le pardon, nous restons prisonniers de nos actes et de leurs conséquences. »

Philosophe juive allemande, Hannah Arendt est contrainte de fuir les persécutions nazies. En 1933, elle se réfugie en France, où elle résidera jusqu’en 1940. En 1941, la philosophe émigre aux États-Unis. Elle y publie l’ouvrage qui la fera connaître « Les origines du totalitarisme » (1951). Jusqu’à sa mort en 1975, Hannah Arendt sera professeure à la New School for Social Research de New York. Hannah Arendt conceptualise le « totalitarisme », système politique qui exerce un contrôle total sur les individus et sur les activités sociales. Elle crée aussi le concept de « vita activa », cette « vie humaine en tant qu’activement engagée à faire quelque chose, s’enracinant toujours dans un monde d’hommes et d’objets fabriqués » (Condition de l’homme moderne). Sa réflexion sur l’éducation l’amène à penser que l’école est un espace intermédiaire qui se situe entre la famille et le monde extérieur et dans lequel un enseignement peut se faire. Bien que son approche de certains concepts soit contestée par certains théoriciens des idées, elle reste, pour d’autres, celle qui défend un seul droit humain, à savoir « le droit d’avoir des droits ». Militante de longue date, elle refusait catégoriquement l’idée d’un État juif et avertissait que cela conduirait à la spoliation de l’entité palestinienne et, par voie de conséquence, mettrait en danger l’existence même de la communauté juive. En nos temps troublés et à l’heure où le monde compte 26 millions de réfugiés, certains thèmes de son œuvre comme le totalitarisme, la question des droits humains et des réfugiés, celle de la liberté ou de la responsabilité, restent d’actualité.

Henri van Praag (1916 – 1988)

Henri van Praag (1916 – 1988)

Psychopédagogue

Son importance pour le dialogue interreligieux ne peut être sous-estimée. Il est le fondateur des « Maisons des enseignants » pour stimuler et soutenir le dialogue entre juifs et chrétiens. Plus tard, il y a également invité les partenaires musulmans. Sa connaissance approfondie des courants spirituels s’est concrétisée dans le modèle des « Cinq codes culturels » et dans une approche pédagogique fondée sur ceux-ci : elle aide la personne à se forger un concept pluriel de la vérité.

Né à Amsterdam en 1916, Henri van Praag disait qu’il avait « quatre maîtres », qu’il mentionnait toujours avec gratitude, le sage chinois Li, un mystique juif dont il ne mentionna jamais le nom, le théologien J. Eykman et le philosophe-physicien-éducateur Dr Philip Kohnstamm. Marqué par la Seconde Guerre mondiale, il souhaite construire un monde de paix et d’harmonie. Il entreprend alors un dialogue entre juifs et chrétiens qu’il élargira plus tard aux musulmans. Il aborde de multiples domaines allant des études religieuses à la parapsychologie en passant par la physique et la littérature et ce, en enseignant, écrivant, voyageant sans relâche, jusqu’à sa mort en 1988. Entre autres œuvres, il est l’un des fondateurs du musée « La Maison d’Anne Frank » dans laquelle, il s’implique pendant 20 ans. En 1952, il devient le premier Président de l’Organisation mondiale pour la compréhension mutuelle et la coopération (Siège d’Amsterdam). Ses multiples compétences et ses réseaux relationnels lui permettent de créer la « Fondation Leerhuizen » (Maisons des enseignants). En matière d’éducation, son expérience de professeur et sa connaissance des différents courants spirituels lui permettent d’élaborer un modèle pédagogique pluriculturel dans lequel se trouvent intégrés ce qu’il y a de plus spécifique et fondamental dans chaque culture. Il sera également co-fondateur de l’Université de Lugano.

 

Nelson Mandela (1918 – 2013)

Nelson Mandela (1918 – 2013)

Militant des Droits humains

Prix Nobel de la Paix 1993

“Pour faire la paix avec un ennemi, on doit travailler avec cet ennemi, et cet ennemi devient alors votre associé.” 

Avocat et homme politique, Nelson Rolihlahla Mandela, de son nom tribal Madiba, appartient à une ethnie majoritaire, les Xhosas, et descend lui-même, d’une chefferie tribale. Il lutte pacifiquement contre l’apartheid dans son pays. Son parti (ANC : African National Congress) ayant été interdit, il est acculé à passer à la lutte armée clandestine. Condamné à la perpétuité en 1962, il devient un symbole de la défense pour l’égalité raciale et est libéré en 1990, après 27 ans d’emprisonnement. Il a très tôt (1940-1950) la conviction que les communautés sont interdépendantes et que la solution pour un avenir constructif passe par l’intégration de tous à un projet national, projet dont la force est de penser en termes d’égalité et de futur commun. S’inspirant de la pensée traditionnelle dans laquelle il a été élevé, il soutient la réconciliation et la négociation avec le Gouvernement du Président de Klerk. En 1993, il reçoit, avec ce dernier, le Prix Nobel de la paix pour avoir pacifiquement mis fin à l’apartheid. Une fois élu Président, il mène une politique de réconciliation nationale entre Noirs et Blancs. Impliqué par la suite dans plusieurs associations de lutte contre la pauvreté ou le sida, il demeure une personnalité mondialement reconnue en faveur de la défense des droits humains. Entre 1994 et 1999, il est le premier Président noir d’Afrique du Sud, élu au suffrage universel, Nelson Mandela a mis en place la « Commission Vérité et Réconciliation » dont il confie la responsabilité à Monseigneur Desmond Tutu, facilitant l’accord du pardon à ceux des tortionnaires du régime de l’apartheid qui reconnaissent et regrettent leurs crimes. Ceci permet à Nelson Mandela de quitter le pouvoir à l’issue de son mandat sans que son projet, privé de son fondateur, ne disparaisse. La « Journée internationale Nelson Mandela », célébrée chaque année le 18 juillet, est l’occasion de réfléchir sur la vie et l’héritage « d’un défenseur mondial de la dignité, de l’égalité, de la justice et des droits humains », a déclaré le Secrétaire général des Nations-Unies Antonio Guterres.

Martin Luther King (1929 – 1968)

Martin Luther King (1929 – 1968)

Militant des Droits humains

Prix Nobel de la Paix 1964

« Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots. »

Pasteur de l’église baptiste. Il lutte pour les droits civiques des afro-américains. Il adopte à la fois une posture non violente, mais est aussi très critique du capitalisme. Il milite pour l’action non violente et le 28 août 1963 il prononce son célèbre discours :

« L’ultime faiblesse de la violence est que c’est une spirale descendante, engendrant la chose même qu’elle cherche à détruire. Au lieu d’affaiblir le mal, elle le multiplie. En utilisant la violence, vous pouvez tuer le menteur, mais vous ne pouvez pas tuer le mensonge, ni rétablir la vérité. En utilisant la violence, vous pouvez assassiner le haineux, mais vous ne pouvez pas tuer la haine. En fait, la violence fait simplement grandir la haine. Et cela continue… Rendre la haine pour la haine multiplie la haine, ajoutant une obscurité plus profonde à une nuit sans étoiles. L’obscurité ne peut pas chasser l’obscurité : seule la lumière peut faire cela. La haine ne peut pas chasser la haine : seul l’amour peut faire cela. » En 1964, il devient le plus jeune prix Nobel de la Paix. Sa campagne contre la guerre du Vietnam et la pauvreté prend fin le 4 avril 1968 avec son assassinat à Memphis dans le Tennessee. Depuis 1986, le « Martin Luther King Day » est jour férié aux États-Unis (le 3ème lundi du mois de janvier).

 Source: Martin Luther King, “Where do We Go From Here? Chaos or Community?”, discours 1967.

Maathai Wangari (1940 – 2011)

Maathai Wangari (1940 – 2011)

Défenseur de l’environnement

Prix Nobel de la Paix 2004

« Plantons des arbres et les racines de notre avenir s’enfonceront dans le sol et la canopée de l’espoir s’élèvera vers le ciel. »

Wangari Maathai, professeure et militante écologiste kenyane, a fondé en 1977 le « Mouvement de la ceinture verte » (Green Belt Movement), qui encourage les populations, et en particulier les femmes, à planter des arbres pour lutter contre la dégradation de l’environnement. « L’arbre est devenu le symbole de la lutte en faveur de la démocratie au Kenya », estimait-elle. A ce jour, on estime à plus de 50 millions le nombre d’arbres plantés grâce à ce mouvement. Consciente que les enjeux environnementaux sont directement liés à la gouvernance, à la paix et aux droits humains, Wangari Maathai s’appuie sur le Mouvement de la ceinture verte pour lutter contre les abus de pouvoir, tels que la confiscation de terres publiques, ou pour s’opposer à la détention illégale des opposants politiques. Elle fut élue au Parlement de la République du Kenya lors du retour effectif au multipartisme en 2002 et devint Ministre adjointe de l’Environnement et des Ressources naturelles de la République du Kenya. Elle a poussé l’ONU à lancer une stratégie similaire qui a permis de planter plus de 11 milliards d’arbres à travers le monde. Plus de 900 000 Kenyanes ont bénéficié de ses efforts en commercialisant des plants destinés à la reforestation. Ban Ki-moon le Secrétaire général de l’ONU réagissant à l’annonce du décès de l’activiste, a dit d’elle qu’elle « aura été une pionnière dans l’articulation du lien entre droits humains, pauvreté, protection de l’environnement et sécurité ».

Oscar Arias Sanchez (1940)

Oscar Arias Sanchez (1940)

Président du Costa Rica

Prix Nobel de la Paix 1987

« Certains pensent que nous sommes vulnérables parce que nous n’avons pas d’armée. C’est exactement le contraire. C’est parce que nous n’avons pas d’armée que nous sommes forts.»

Oscar Arias Sánchez est né à Heredia, au Costa Rica en 1940. Président élu du Costa Rica en 1986, il avertit aussitôt le monde qu’il veut rétablir la paix et la stabilité politique en Amérique centrale. Il soumet un plan global de paix afin de trouver une solution aux conflits qui secouent cette région, plan qui servira de base au processus de paix dans la région malgré l’opposition du gouvernement américain. Son plan de paix connu sous le nom d’« Esquipulas », symbolise l’esprit démocratique : il appelle au dialogue entre les gouvernements et les groupes d’opposition, à l’amnistie des prisonniers politiques, à un cessez-le-feu, à un processus de démocratisation, à des élections libres, à la réduction des armes et à l’arrêt de l’aide extérieure aux groupes subversifs. Grâce au succès du processus Esquipulas, aboutissant à la signature en 1987 par les cinq gouvernements de l’Amérique centrale d’un accord pour une paix ferme et durable dans la région, M. Arias reçu le prix Nobel de la Paix. En 1988, le Président Oscar Arias Sánchez utilise son prix Nobel pour mettre en place la Fondation Arias pour la paix et le progrès de l’humanité qui œuvre en faveur de la démilitarisation, de la résolution des conflits dans les pays en voie de développement et de l’amélioration de la condition féminine en Amérique centrale. Il crée une institution de stature internationale unique en son genre, l’Université pour la paix, scellée par un traité et entérinée par la Résolution 34/111 du 14 décembre 1979 de l’Assemblée Générale des Nations Unies.

Cheikh Khaled Bentounes (1949)

Cheikh Khaled Bentounes (1949)

Maître spirituel

Lauréat du Prix de l’Assemblée Parlementaire 2022

Initiateur de la Journée Internationale du Vivre Ensemble en Paix célébrée le 16 mai

« Le jour où les humains comprendront que derrière l’immense diversité des cultures, des traditions, des philosophies, des religions, il y a une origine commune et que celle-ci est enracinée dans le cœur de chacun.e, alors commencera la véritable paix. »

Leader spirituel de la Voie soufie Alâwiyya, Fondateur de AISA ONG Internationale et du mouvement éducatif des Scouts Musulmans de France (SMF), le Cheikh Khaled Bentounes est porteur d’un message de paix qu’il ne cesse de transmettre à travers une spiritualité millénaire. Pèlerin infatigable, pédagogue et écrivain, il œuvre pour un monde altruiste, semant l’espérance autour de lui, convaincu que « l’énergie du monde est la fraternité universelle authentique ». Depuis de très nombreuses années, il participe au dialogue interreligieux de par le monde. Son engagement spirituel l’a amené à soutenir des actions pour le développement durable, comme par exemple la réintroduction de la culture de l’Arganier en Algérie. Persuadé qu’un profond changement dans la société peut avoir lieu grâce aux valeurs du féminin, il initie le premier “Congrès Internationale Féminin pour une Culture de Paix – Parole aux femmes” qui s’est tenu en Algérie du 27 octobre au 2 novembre 2014. Initiateur de la Journée Internationale du Vivre Ensemble en Paix (JIVEP) adoptée à l’unanimité des 193 États membres de l’ONU, le 8 décembre 2017 (A/RES/72/130), il œuvre à la création d’une dynamique internationale afin d’introduire l’éducation à la Culture de Paix dans les programmes scolaires. La JIVEP est notamment soutenue par de nombreuses villes et capitales dans le monde à travers la Déclaration de Düsseldorf (Observatoire international des Maires pour le Vivre Ensemble, août 2019) par laquelle elles s’engagent à la célébrer chaque année. La JIVEP est également soutenue par l’Union africaine (Conseil de Paix et de Sécurité, Réunion 891, 2019) et par le Mouvement des Pays Non-Alignés (Caracas, 2019). Cette journée est désormais célébrée chaque 16 mai dans le monde entier. Visionnaire, il a, en créant le Prix Émir Abd el-Kader, rappelé l’importance de ce modèle éthique d’homme de paix pour notre époque, afin que son message de fraternité humaine serve le monde d’aujourd’hui et plus particulièrement la jeunesse. Il a initié des « Maisons de Paix » et mis en place des programmes dans un guide mis à la disposition des pédagogues en vue d’une éducation à la Culture de Paix dès les premiers âges dans des « Écoles de Paix ». Fédérateur reconnu dans le monde, Il a reçu de nombreuses distinctions dont la dernière en date est celle de l’Assemblée Parlementaire Méditerranéenne en 2022.

Rigoberta Menchu (1959)

Rigoberta Menchu (1959)

Militante de la paix

Prix Nobel de la Paix 1992

« La paix n’est pas seulement l’absence de guerre : tant qu’il y aura la pauvreté, le racisme, la discrimination et l’exclusion, nous pourrons difficilement atteindre un monde de paix. »

Rigoberta Menchú Tum est née en 1959 au Guatemala dans une famille de paysans sans terre de l’ethnie indienne Quiché d’origine Maya. Prix Nobel de la paix en 1992, cette Guatémaltèque a défendu toute sa vie les droits des peuples autochtones. Elle connut une enfance difficile sous un régime militaire, un engagement politique qui couta la vie à plusieurs membres de sa famille et un exil forcé au Mexique. Cette femme autodidacte fait preuve de qualités de « grande meneuse » pour la défense des droits des plus faibles. Elle s’impose dès lors comme une figure emblématique sachant attirer l’attention de l’opinion internationale sur les souffrances des peuples indigènes. Reconnue et considérée comme une autorité morale, elle tisse, au travers de sa Fondation, des liens étroits avec de nombreux leaders politiques dans le monde. En 1993, elle devient ambassadrice de bonne volonté auprès de l’ONU. En 2006, Rigoberta Menchu devint une des fondatrices du « Nobel women’s initiative » avec notamment Jody Williams et Shirin Ebadi. Cette organisation composée de six femmes « nobélisées » œuvre afin d’apporter la paix, l’égalité et soutient les droits des femmes dans de nombreux pays à travers le monde. Elle est également membre de « Peacejam », une Fondation qui permet aux lauréats du prix Nobel de la paix de s’adresser aux jeunes et de leur inculquer des valeurs comme la défense des droits humains et la paix.